JSFN : un parcours exceptionnel. Interview de M. Patrick Jarry, maire de Nanterre.

 

 

Suite à l’extrait parut ce jour dans le journal Le Parisien, voici l’intégralité des réponses du maire de Nanterre aux questions des journalistes.

 

Que représente pour vous et pour la ville de Nanterre la qualification de la JSFN en demi finale du championnat de France de Pro A ?

 

C’est d’abord une joie extraordinaire comme le sport sait en procurer. Lorsque la saison a débuté l’objectif était le maintien. Grâce au superbe parcours réalisé par P. Donnadieu et ses joueurs, Nanterre aura joué la finale de la coupe de France et joue la qualification pour la finale du championnat. Qui aurait pu l’imaginer en début de saison ? C’est un bonheur d’autant plus intense qu’il est partagé par un grand nombre de Nanterriens. Pour la finale de la coupe de France ce sont plus de 3 000 d’entre eux qui ont acheté une place à 12€ pour venir soutenir notre club et, lors du match contre Gravelines, la salle était archi comble et tous les spectateurs étaient des spectateurs payants.

 

A côté de l’exploit sportif qui est immense, il y en a un autre qui, lui non plus,  n’est pas un petit succès : celui d’arriver à réunir régulièrement plus de 1500 personnes pour assister à un match de basket en Ile de France. Le contexte francilien, tout le monde le sait, est particulièrement difficile. Nous ne sommes pas dans une métropole régionale qui bénéficierait du soutien de l’ensemble de la zone urbaine sur laquelle elle rayonne. Nous sommes en Ile de France dans une région où il existe beaucoup de grandes villes, les unes à côtés des autres, avec une multitude de pôles d’attraction sportifs, culturels et de loisirs. Il est extrêmement difficile de trouver sa place au milieu de ce foisonnement d’offres. En dehors de Paris, il n’existe pas dans la métropole francilienne d’identité fédératrice, comme cela peut-être le cas à Roanne, Strasbourg ou Gravelines, qui rayonne et qui entraîne un grand nombre d’habitants dans le soutien à un club. Aujourd’hui, la JSF Nanterre est en train d’y parvenir et un nombre, sans cesse croissant, de Nanterriens s’identifient à leur club. Ce n’est pas un hasard si cela se produit dans une ville de banlieue populaire, car c’est dans les villes de la métropole parisienne que se recrutent un grand nombre, de celles et ceux, qui soutiennent les clubs sportifs évoluant au plus haut niveau.

 

Cette idée de l’identification est très importante car elle témoigne d’une volonté de faire passer un message qui vient casser les stéréotypes sur la banlieue. En banlieue on travaille, en banlieue on fait des efforts, en banlieue on réussit et on réussit même parfois au-delà de toutes nos espérances, contre tous les pronostics. C’est ce que vient de le faire la JSFN. Dans le sport professionnel, il faut des clubs qui, à l’image de Nanterre, apporte d’autres choses que la simple question de l’ampleur du budget, cela contribue à la magie du sport. La fédération et la ligue de basket devraient d’ailleurs se réjouir d’aventures comme celles de la JSFN qui sont excellentes pour la notoriété de leur sport. Une histoire comme celle de Nanterre, un parcours vraiment incroyable une ascension avec les mêmes dirigeants, le même entraîneur et les mêmes valeurs, depuis le niveau départemental jusqu’au top 4 du basket français ne pouvait avoir lieu que dans une ville populaire. Cette symbiose qui existe entre le club les dirigeants, les bénévoles, les joueurs, le staff technique, les habitants mais aussi les élus de la ville et le service public communal est une force incroyable. Par exemple pour chaque match il y a entre 14 et 21 agents communaux qui sont mobilisés, bien évidemment ils le font avec une âme de supporter et vont très souvent au-delà de ce qui relève de leurs missions. C’est l’addition de tous ces ingrédients qui fait notre réussite.

 

Quelles perspectives pour demain ? Une nouvelle salle ? Jouer la coupe d’Europe ?

 

Les progrès accomplis en quelques années par le club et tous ceux qui l’entourent, au premier rang desquels se trouve la ville sont extraordinaires.

 

Lors de l’accession en pro B en 2004 le partenariat privé était inférieur à 50 000€ et il n’était que de 6000 € l’année précédente ! Personne au club, ni dans le mouvement sportif nanterrien n’avait l’habitude de solliciter les entreprises. Les subventions publiques constituaient la plus grosse part du budget du club. Tous ont du apprendre, travailler la relation avec le tissu économique du territoire, pour que les entrepreneurs acceptent de venir soutenir le club, s’investissent à ses côtés et lui permettent de grandir. En moins de 10 ans le club a atteint la somme de 1,4 millions d’euros de partenariats privés. C’est une croissance considérable et je ne suis pas certain qu’il y ait beaucoup de progression équivalente dans le sport français. Pour autant, afin que le club puisse continuer d’avancer nous devons franchir de nouveaux paliers, il y a aujourd’hui une cinquantaine d’entreprises qui soutiennent la JSFN, ce qui est très peu au regard du tissu économique, unique en Europe, du bassin dans lequel se trouve notre club.

 

D’autant que la ville de Nanterre subventionne le club à hauteur d’un million d’euros par an, elle ne pourra pas faire plus. Je note avec regret que les autres collectivités territoriales et tout particulièrement la région Ile-de-France, ne soutient que de manière très marginale la JSFN avec une subvention de 15 000 euros alors que les autres régions attribuent toutes à leurs clubs des sommes équivalentes voire supérieures à 100 000€. Il en est de même pour le Conseil Général des Hauts-de-Seine qui était absent de la finale de la coupe de France, alors que deux clubs du département se rencontraient devant 15 000 personnes en direct sur une chaîne de télévision !

 

La question de la salle est une question importante qui doit être envisagée avec beaucoup de soin. Agrandir le palais des sports, c’est un investissement important d’argent public cela doit forcément se débattre avec les Nanterriens. Nous aurons très prochainement l’occasion de le faire. Mais l’investissement n’est pas tout, il faut aussi se donner les moyens de remplir un tel équipement, avec des spectateurs. Nous allons donc, avec le club, regarder comment lui donner un outil de travail à la hauteur de ses exploits sportifs mais tout en mesurant bien les enjeux. Nous devons placer ce travail dans la même perspective que celui sur une éventuelle participation à la coupe d’Europe. Le club franchit des étapes, les unes après les autres, nous ne devons pas aller trop vite, pour éviter d’en rater une qui aurait de lourdes conséquences pour l’avenir. On a vu dans nombre de sports des clubs qui grâce à des exploits sportifs se sont lancés dans une fuite en avant, sans disposer des bases suffisantes pour avancer. Lorsqu’ils ont connu, ensuite, une saison moins réussie, les conséquences ont été terribles pour eux. Je crois que nous devons bien construire les étapes suivantes. Regarder d’où l’on vient, tout le chemin parcouru depuis l’accession en pro B il y 9 ans, pour ne pas risquer de tout perdre. Nanterre et la JSFN ont un parcours incroyable, une histoire unique dans le sport français, elle doit continuer. Bien sûr que nous sommes immensément fiers de tous ces succès, que nous voulons aller toujours plus haut, rêver toujours plus grand, mais nous devons relever ces défis sans mettre en danger le club. Quand à la coupe d’Europe plus précisément, je crois que Nanterre est taillée pour relever tous les défis !

 

Jouer la demi-finale retour à Nanterre ce serait un choix politique, selon les dirigeants de la LNB ?

 

Absolument pas ! C’est un choix sportif. Il n’y a aucune raison que Nanterre qui a gagné le droit de jouer la demi-finale ne puisse bénéficier de l’avantage que représente le fait d’évoluer pour un des trois matchs dans sa salle ! L’osmose incroyable entre l’équipe et le public que nous vivons depuis des années au Palais des sports est un  ingrédient important de la victoire. Ce n’est d’ailleurs pas propre à Nanterre, il en est de même pour toutes les équipes. Nous n’allions pas nous en priver ! D’autant que le staff technique et les joueurs souhaitaient, eux aussi, y évoluer et que la salle de Nanterre respecte intégralement le cahier des charges édicté par la LNB pour les demi-finales. 

 

 

 

 

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