Michael Alard et Milan Barbitch, l’histoire d’un duo gagnant

Milan Barbitch a rejoint Nanterre 92 et l’équipe de Michael Alard en 2015. L’entraîneur a décidé de miser sur le jeune Milan, un enfant du 13e arrondissement de Paris et ensemble, ils ont écrit une magnifique page de leur histoire et de celle du club.

Le meneur de jeu a rejoint les Verts et Blancs avec un seul objectif, remporter le premier trophée de champion de France de l’Histoire du club chez les jeunes. Sept ans après, retour sur cet exploit en finale contre Fleury-les-Aubrais qui lie les deux protagonistes. « Certains joueurs marquent plus au niveau humain et relationnel en une seule saison que d’autres sur plusieurs années” explique en souriant Michael Alard.

« Certains joueurs marquent plus au niveau humain et relationnel en une seule saison que d’autres sur plusieurs années.

 

L’histoire a débuté en juin 2015, comment se sont fait les premiers contacts ? 

  • Michael :  “La première fois que je l’ai vu c’était lors d’un match en benjamin région et je me suis dit que c’était une bombe ! Lorsque je l’ai revu en sélection, c’est là que j’ai compris qu’il me le fallait. Il était maigre avec des cheveux longs et bouclés, comme Mowgli (rires). Il montrait de belles choses mais il avait quelques difficultés par rapport à son physique. J’ai tout de suite flashé et j’ai appelé son père pour convier Milan à une petite détection et derrière je ne l’ai plus lâché. Par message au mois de juin il m’a écrit “t’inquiète coach, on sera champion de France l’année prochaine” (rires).
  • Milan : “J’ai commencé sur un camp avec Nanterre et j’ai rencontré mes coéquipiers. Ça s’est super bien passé. J’étais tellement confiant que j’ai dit à Michael : “t’inquiète coach, on sera champion de France l’année prochaine” (rires).  

 

Au début de saison, est-ce que vous aviez comme objectif d’aller chercher le titre ?  

  • Michael : “On sortait d’une saison compliquée avec la génération 2000/2001. Avec mon assistant Amine El Hajraoui, on voulait renouer avec la victoire et prendre les matchs les uns après les autres. On n’a jamais parlé du titre jusqu’à ce qu’on se qualifie en première division. La première fois qu’on en a parlé avec les joueurs, c’est lors du premier match de la phase aller de la poule haute à Reims, on a gagné face une équipe qui devait être bien placée, on a des bons résultats… on n’avait pas la culture du Final Four à l’époque. La seule personne qui m’en a parlé, c’est Milan au moment de son recrutement à l’été 2015.”

  • Milan : “Le groupe vivait très bien et on a adoré jouer et être ensemble. Honnêtement, en toute humilité, je ne sais pas si dans le championnat de France U15 il y a eu une meilleure équipe que nous. On a fait des résultats incroyables en battant Madrid, une sélection Serbe… On n’a perdu qu’un match sur l’année dans une situation particulière : entraînement le matin avec le pôle et dans l’équipe il y avait huit polistes. Encore une fois, cette année était incroyable avec ce club.”  

 

“On l’appelait Mozart parce que c’est un petit génie mais il ne le savait pas.” 

 

Et finalement, vous remportez le titre et d’autres tournois avec un Milan déjà dominant… 

  • Michael : “On a fait plusieurs tournois dont un international à Charenton. On a gagné la finale face à une sélection de joueurs composés du Partizan et de l’Étoile Rouge de Belgrade. Un duel face à des Serbes et il faut savoir que Milan est franco-monténégrin. On a dit que le meilleur yougoslave était français (rires). On a aussi gagné contre le Real de Madrid devant 5 000 personnes et il a fini MVP. Au final 4 du championnat de France, il n’y avait pas de distinction individuelle mais pour moi, il a terminé MVP. Avec Amine, on l’appelait Mozart parce que c’est un petit génie mais il ne le savait pas. Son surnom en public c’était Mimi et au début Mowgli (rires).”  

 

Que retiens-tu du (de ton) passage de Milan à Nanterre et qu’est-ce que ça lui (ça t’a) a apporté pour la suite de sa (ta) carrière ?  

  • Michael : “Milan a laissé une trace au club. On parle de lui comme s’il avait passé beaucoup de temps ici, un peu comme Matthias Lessort sauf que les deux n’ont joué qu’une saison à Nanterre. Son image ici est extraordinaire grâce à son éducation. Ses parents nous ont beaucoup aidés, sa mère faisait des formations sur la cohésion. Quand il revient ici, il est accueilli à bras ouverts comme s’il avait joué longtemps. Avec Amine, on lui a donné les clés du camion, il avait notre confiance et on avait la sienne. Les gens ne se rendent pas compte à quel point Milan est fort.”

  • Milan : Même si c’était des compétitions jeunes, je trouve que ça m’a apporté une idée de comment gagner des matchs en équipe et de comment créer une alchimie. Michael et Amine ont assuré. Franchement, c’est la première fois que je rencontrais un coach avec une telle approche. C’était particulier, avant tout une aventure humaine avec des valeurs dans lesquelles je me retrouvais. C’était ludique, on prenait du plaisir. Limite, les coachs étaient plus des gamins que nous (rires).”  

Une anecdote à raconter ?  

  • Michael : “Quand on est parti pour le Final 4, on voulait faire une vraie cohésion. On est arrivé très tôt et on en a profité pour visiter St Malo. On fait un foot sur la plage et Milan s’est mis torse-nu alors qu’il faisait vraiment froid. Heureusement qu’il n’est pas tombé malade et on a défoncé le tournoi (rires). Le mardi d’après, il y a un match des pros et on doit faire la remise du trophée devant tout le club. Il y avait tout le monde sauf une personne, Milan, pour une crise d’appendicite ! À 48h près, on n’était pas champion de France ! Il avait déjà des douleurs le lendemain de la finale.”

  • Milan : “Y a vraiment beaucoup de choses (rires). C’était une vraie équipe de fous mais dans le vrai sens du terme. À la mi-temps de la finale, Michael nous a monté la tête pour nous énerver pour qu’on fasse le taff après sur le terrain (rires). L’année était vraiment incroyable encore une fois. Je suis encore en contact avec une grande partie de l’équipe.

Aujourd’hui, Milan Barbitch est joueur professionnel à Fos-sur-Mer et Michael Alard est Directeur du Centre de Formation de Nanterre 92. Deux beaux chemins parcourus.  

 


Interview réalisée par Martin Tchoukanov